Je pars à 4h du matin de Ouaga avec un grand bus climatisé Rimbo. Nous traversons le sud-est du Burkina Faso. Nous nous arrêtons dans la ville de Fada N’Gourma, capitale du pays gourmantché. Plus nous nous éloignons vers l’Est plus le paysage se dessèche et le soleil se fait de plus en plus brûlant. La frontière nigérienne est ponctuée d’une longue halte. Les voyageurs sont rassemblés sous un auvent de paille à l’abri du soleil pendant que la police contrôle les bagages, nous appelle un à un au poste et que les vendeurs/es ambulants nous proposent du thé dans leur théière en métal, du lait dans des bouteilles en plastique et les arachides sous toutes les formes. La chaleur est intense, les mares d’eau parsèment un paysage de pâturages et de bosquets clairsemés. Les champs cultivés se font plus rares et les troupeaux de bovins, de moutons et de chèvres traversent les grandes plaines. La capitale du Niger, Niamey, n’est qu’à une encablure de la frontière. Nous arrivons sur un immense pont surplombant des rizières au bord du fleuve. Niamey est une ville tranquille, presque provinciale, superbement située sur le grand fleuve, que je retrouve après l’avoir quitté à Bamako et n’ayant pas pu, à regret, suivre sa boucle vers le Nord.
Je suis accueillie et hébergée par mon camarade Issa Aboubacar que je connais depuis 6 ans au sein du réseau CADTM Afrique. Il est le pilier du Réseau National Dette et Développement, confédération politique de 30 syndicats, organisations de paysans, associations et coopératives qui luttent depuis 2002 contre la politique de la dette, pour la démocratisation du pays et une politique de redistribution des richesses minières vers la population du pays. Le RNDD est également à l’origine du réseau CADTM Afrique depuis 15 ans. C’est grâce à ses militants chevronnés que j’ai eu connaissance du rôle de la plus grande mine d’uranium au monde au Niger, à Arlit et des ravages que provoque cette exploitation par Areva. Les mines du Niger, exploitées depuis 1959 par la France puis par les entreprises nigérienne SOMAIR et COMINAK, constituent une richesse et une malédiction. Car si grâce aux luttes sociales et politiques l’Etat du Niger touche 10% des bénéfices de l’uranium et non plus deux, la spoliation des terres aux paysans par l’extension de l’exploitaton, l’irradiation des territoires et la mise en danger de la santé de la population restent des problèmes irresolus. Le Niger possède bien d’autres ressources minières que convoitent les multinationales occidentales et chinoises : terres rares, pétrole… Mais l’essence est presque au prix européen et les multiples coupures d’électricité à Niamey rappellent que l’uranium d’Imouraren fait briller de mille feux Paris la Ville Lumière laissant Niamey dans le noir.
Hebergée gentiment par la famille de mon camarade dans sa maison d’un quartier tranquille, je rencontre Koulawa – une grande coopérative de femmes productrices, le syndicat USPT ainsi que le parti Mouvement Patriotique Nigérien Kishin Kassa. Avec les enfants de mes amis, je me rends aussi passer une journée au Musée National et Centre Culturel Boubou Hama.