J’ai mis 6 ans à organiser ce voyage. Depuis mon séjour au FSM à Dakar en 2011, j’ai voulu revenir car j’étais fascinée par la force, l’opiniâtreté et la capacité d’organisation des militants africaines.
C’est des militantes que je voulais revoir, rencontrées lors du Forum Féministe de Kaolack pour lesquelles de nombreuses organisations féminines étaient venues avec la Caravane d’Afrique l’Ouest. Le FSM de Dakar avait lieu alors que débutaient les mouvements révolutionnaires dans les pays arabes. Avec les Tunisiens participant au Forum nous vivions ensemble ces moments intenses, les yeux rivés sur Facebook et suspendus aux nouvelles des rassemblements qui nous arrivaient chaque jour de Tunisie. Par la suite, j’ai soutenu les jeunes militants révolutionnaires de Tunisie.
Mais c’est ce premier voyage au sud du Sahara qui m’avait montré qu’il n’y avait qu’une seule chose à faire : balayer devant ma porte, c’est à dire organiser les mouvements anticapitalistes chez nous, en Europe de l’Est. Et je l’ai fait en 6 ans de voyages non seulement en Pologne ou Hongrie, mais aussi en Bulgarie, Roumanie, les pays yougoslaves, la Moldavie, jusqu’à l’Ukraine et la Russie. Ce furent 6 années ans de création de liens avec la nouvelle gauche issue des mouvements de 2011 à 2014 jusqu’à l’organisation du Forum Social d’Europe de l’Est et de Coopération avec le Sud de Wroclaw en mars 2016.
Je m’interrogeais toujours pourquoi nous, les Européens de l’Est, nous sommes aussi perdus, aussi atomisés, aussi incapables d’organisation et de coopération, incapables de valoriser notre culture locale, notre production domestique agricole, notre histoire enfin, alors qu’elle est aussi celle de nos réalisations socialistes.
J’ai commencé par visiter le Sénégal.