Le Centre Culturel Burkinabé de Gonghin

Alors que la construction du Mémorial de Sankara était lancée, la mémoire du grand leader révolutionnaire ne semble pas vivante dans l’espace publique. Elle est plutôt dans le coeur des sankaristes  de tous les âges. Elle est présente dans le Centre Culturel Burkinabé, une bel espace entièrement autogéré dans le quartier populaire de Gonghuin. Mon camarade Souleymane ainsi que le directeur Goerge Kaboré me montrent le bureau orné de photos originales de l’époque de Sankara, mais aussi la bibliothèque, la salle de lecture et surtout le thêatre ou sont mises au point des oeuvres originales jouées par des bénévoles. Des artistes musiciens se reposent dans le jardin sous les grands arbres en me proposant un thé avant d’entamer une soirée de travail. Ils animent en effet les concerts du samedi soir dans différents lieux culturels de la ville, dont l’Institut Francais et sa magnifique salle de spectacle en plein air et le Centre Culturel Allemand Goethe, le frère européen rival. La jeunesse de Ouaga ne prête pas attention aux rivalités des puissance européennes et vit sa création dans la vitalité de sa belle capitale. Le ballet de mobylettes qui amènent jeune filles et garçons aux concerts du samedi soir est particulièrement dense et bon enfant. La culture n’est pas ici un une consommation, c’est un art de vivre.

Peinture murale au Centre Culturel
burkinabé

Le Centre Culturel de Gonghin possède aussi sa propre tribune pour des spectacles et des concerts. Il fédère des cinéastes, des acteurs et des chanteurs. De sculptures de métal issues de récupération ornent le jardin, de grand troncs d’arbres récupérés d’un abattage controversé sont transformées en bancs ouvragés. Des peintures murales attirent mon attention. L’une présentent des artistes et écrivains africains. L’autre met en garde contre une immigration illusoire : elle dépeint un jeune SDF allongé sur le sol près d’un supermarché en Europe, presque mort de froid et de solitude. Le slogan proclame « L’occident n’est pas un paradis ». Celle que j’aime aussi est la fresque des toilettes : un homme et une femme sont côte à côte. L’homme possède une clé à la place du sexe et une serrure à la place de la tête. La femme c’est l’inverse – son sexe est serrure et sa tête la clé. La métaphore me fait rire. Car oui si la femme a besoin de l’énergie sexuelle pour s’ouvrir à la compréhension de la vie, l’homme a besoin de l’intelligence de la femme pour ouvrir son cerveau…  Ouaga, ville agréable ou la culture joue un role si important attire aussi de jeunes Européens qui y cherchent des activités et le sens de la vie. Je l’espère, ils s’intègrent bien dans la société burkinabée et soutiennent les aspiratons des jeunes d’ici à vivre libres et dignes.

Le lendemain je commence la visite des coopératives féminines de production avec l’atelier maison de fabrication de beurre de karité de Madame Ilbdoudo.

Avec Souleymane et un musicien du centre
Avec George Kaboré, fondateur et directeur du Centre
Bibliothèque du centre
siège sculpture dans le Centre